Anton est né un hiver frais. Sa mère étant déjà veuve et trop occupée à gérer la maison de bois, il a appris seul à lire et à prononcer ses premiers mots : parmi eux, « Arlequin », qui figurera dans sa tête toute sa vie ensuite. Parlons-en, de sa mère. Elle était celle que les riches ignoraient et les plus démunis disaient « bonjour ». Rien ne l'obligeait à se présenter comme ces derniers, pourtant, depuis qu'elle avait perdu son mari, elle avait en même temps perdu son travail (infirmière spécialisée dans les milieux scolaires) ; elle se sentait donc capable de poursuivre sa vie de veuve d'une façon économique, et pour Anton, elle n'avait rien prévu de mieux, si ce n'était que l'amour progressif d'une mère délaissée. Elle vieillissait si vite que ses cheveux viraient déjà au blanc quand elle avait quarante-deux ans, Anton en avait quatorze est il était bien déterminé à reconstruire sa vie après sa mort due à un cancer. Durant son enfance, jusqu'à quinze ans, il a donc appris a s'occuper de ses proches, à se cultiver dans le domaine du théâtre, quitte à s'isoler discrètement pour se consacrer à la lecture... et à faire les tâches ménagères. Pendant quatre ans, jusqu'à maintenant, il a l'habitude de vagabonder dans une roulotte ridicule qui appartenait à un magicien. Voilà ce qu'est devenu un orphelin parti de rien.